Aron ➤ do we know when we fly? (terminée)

« Là. Tu es parfait Aron. » Asserta la mère du dénommé Aron, le contemplant vêtu d’un smoking, prêt à se marier, alors qu’elle venait de lui remettre son nœud papillon en place. Ses yeux s’emplirent de larmes de fierté. « Mon tout petit se marie.. » Elle lui caressa la joue, trop heureuse, il était son dernier fils, mais pas le dernier de la famille, Aelena arrivait après lui, mais elle était encore trop jeune pour penser au mariage, elle n’avait que 18 ans. Lui, par contre en avait 23, et sa mère avait toujours considéré que c’était l’âge parfait pour se marier. Elle le serra dans ses bras, et lui demanda, stressée. « Ca va, tu n’es pas trop tend… » Il la coupa vivement, desserrant leur étreinte. « Maman. Je t’assure que ça va, c’est qu’un mariage ! » Sa mère fut soudainement choquée de ses propos. Qu’un mariage ? Regrettait-il ? « Tu ne veux plus te marier? C’est toi qui l’a décidé, tu te souviens? » dit-elle soudainement plus qu’inquiète. Bien sûr qu’il s’en souvenait. Sa demande en mariage avait été des plus soudaines. En fait, il ne l’avait même pas faite dans les règles de l’art. Une dispute avait éclaté lors d’un repas de famille, et tout ce qu’il avait trouvé à crier pour que tout le monde se calme c’était: « Kristín et moi nous allons nous marier ! » Et évidemment elle fut la plus surprise, mais tout le monde se retourna vers le petit frère, et cessa de se prendre la tête. Bien joué Aron, mais la principale intéressée s’emballa, et elle avait fini par dire qu’elle n’était même pas au courant. Il avait rattrapé le coup en disant qu’il attendait le bon moment pour faire la surprise… Et personne n’avait été surpris de l’excentricité du jeune Daníelsson, ils étaient habitués.

Il secoua donc la tête pour signifier à sa mère que ce n’était pas le cas. « Non, je vais me marier, mais vous en faites tout un bordel, je veux dire par là que c’est juste un mariage de plus, y a pas de quoi s’extasier… » Elle le retrouvait bien là. Toujours le plus humble possible, toujours mal à l’aise face à l’explosion de joie des autres, il avait toujours été comme ça. Elle l’embrassa sur la joue, et elle le laissa tranquille, quand ses frères pénétrèrent dans la pièce : Eidur, Jón et Thór les jumeaux, vinrent aux nouvelles, pour un briefing d’avant mariage. (…) une fois sur l’autel, il attendit patiemment que sa chère et tendre arrive… Chère et tendre, il n’était pas fan de ces mots pour sûr. Elle arriva enfin, resplendissante, avançant sous les regards émerveillés de chacun ici présent. La demoiselle d’honneur n’était autre qu’Aelena, et certains ne se gênaient pas pour dire qu’elle était encore plus belle que la mariée. Cette dernière, sourire aux lèvres vint se placer aux côtés d’Aron, et elle lui serra la main, peut-être un peu trop stressée, et il sentait sa main broyée sous cette dernière, se refusant d’effacer ce sourire qui la mettrait dans tous ses états. Après tout le discours du prêtre, qui était bien saoulant il fallait le dire, ils se promirent l’amour à la vie à la mort, s’embrassèrent, et Soffia, sa mère, fondit en larmes. La fête d’après mariage se passa pour le mieux, ils dansèrent jusqu’au bout de la nuit, et tout ceci laissait place à une vie faite de bonheur, d’amour et d’eau fraiche… ou pas.

3 ans plus tard…
La porte d’une jolie petite maison se ferma, et Aron rentra se défaisant de sa lourde veste qui lui permettait de résister au froid, jetant ses clés dans le vide poches. C’était encore une de ces journées épuisantes, et tout ce qu’il voulait c’était se reposer maintenant. Retirant ses chaussures pleines de neige, il se mit à l’aise, pieds nus sur le parquet chauffant qu’il avait fait poser. Il n’avait jamais cru que sa vie ressemblerait à ça. Architecte. C’était tellement classe à dire, et pourtant ça sonnait faux. Mais peu importait, Kris l’appelait déjà d’en haut. « C’est toi mon amour ?! » Il marmonna pour lui-même : « Qui tu veux que ça soit…le Papa Noël ?! » Et il entendit un reproche : « Et ne crois pas que je ne t’entends pas marmonner ! » Cette fille avait des yeux et des oreilles partout, ce n’était pas possible autrement. En trois ans tout avait bien changé. Elle était devenue des plus chiantes. Elle voulait tout contrôler, avoir le dernier mot sur tout, et par-dessus tout, elle voulait un bébé. Comme s’il avait besoin de ça. Pas qu’ils ne les aimaient pas, mais il n’avait pas le temps de s’occuper d’un gamin, et surtout il ne ressentait pas le besoin de fonder une famille pour l’instant. Mais elle s’évertuait à lui mettre la pression pour le faire craquer, usant de tous les moyens. Il y avait des magazines pour bébé un peu partout, elle le trainait dans les magasins qui vendaient tout le nécessaire pour bébé, mais rien y faisait, il ne craquait pas, et il ne craquerait pas. Montant les escaliers, il la trouva dans leur chambre en train de se coiffer. Oui comme les princesses. Elle exagérait pour tout. Lorsqu’elle remarqua la présence de son mari, elle se leva, et se jeta sur lui pour l’embrasser. Elle était raide dingue de lui, et parfois ça en devenait même cliché. . Il aurait peut-être du réfléchir à deux fois avant de l’épouser, car elle avait bien changé, elle n’était plus la femme qui lui avait plu, mais pourtant il y était quand même attaché. « Tu rentres encore tard ce soir…T’as faim ? » dit-elle en déposant des baisers à chaque pause entre les mots, les mains collées sur le visage d’Aron qui rétorqua : « Non, merci, je suis juste fatigué. » Comme ça il éviterait tout, il irait se détendre à jouer un peu de guitare et se coucherait. Mais non, elle ne l’entendait pas de cette oreille… Elle s’approcha encore plus de lui, et le poussa sur le lit. Il y tomba assis. S’installant dans son dos, elle commença à déposer des baisers furtifs dans son cou, et à le masser pour le détendre. Puis elle lui retira sa veste de costard, et commença à déboutonner sa chemise avant de se mettre à califourchon sur lui, et à l’embrasser de plus belle, murmurant : « Tu sais ce qui me ferait plaisir ? » Il avait bien une grosse idée en tête, mais il fit mine que non. Et comme si elle s’attendait à ce qu’il râle si elle lui révélait tout de suite, elle lui retira sa chemise, l’allongea et parcourut son corps de ses baisers, tandis qu’il ne faisait pas grand-chose… S’occupant de sa ceinture, elle s’allongea sur lui et avoua : « Je veux avoir un bébé… » Là, il ne se détendait plus du tout, il se releva, s’empara de sa chemise, et rattacha sa ceinture. « Je t’ai déjà dit que j’en voulais pas. Tu le fais exprès ?! » Elle fut blessée. « Mais tu sais bien que je suis à la maison, ce n’est pas grave si tu ne peux pas t’en occuper ! Mais j’en veux vraiment un…J’ai 25 ans ! » Il renchérit. « Et moi 26, et j’en veux pas. Alors arrêtes ton cinéma. » Il se rhabilla, et quitta la pièce, laissant Kristin dans leur chambre. De toute façon elle y parviendrait, elle jetterait toute la boite de préservatifs et elle arrêterait la pilule, c’était aussi simple que ça.

(c) Pomeline

Brandon Flowers - Crossfire (acoustic).
“And we're caught up in the crossfire
Of heaven and hell
And we're searching for shelter
Lay your body down”

« Aron, lâche ta guitare, on va être en retard ! En plus tu ne comptes pas y aller comme ça j’espère ?! » Aron était en train de chanter et de jouer de la guitare et ne l’écoutait visiblement pas. Il savait quelle heure il était, ils étaient loin d’être en retard. Il n’aimait pas franchement les pièces de théâtre qu’elle allait lui faire voir. Pourtant il était amateur d’art en tout genre, mais elle avait des gouts particuliers sa femme. Perdant patience, cette dernière attrapa le manche de la guitare, et tira de sorte à lui retirer des mains tel à un enfant qui fait des bêtises. Il râla comme d’habitude. « Ca t’embête de me laisser finir ?! Je t’emmerde pas moi quand tu te fais les ongles ! » … « Tu sais très bien que j’adore t’écouter, mais là on est pressés …Je veux vraiment pas arriver en retard, je suis désolée… » Et ce sourire angélique était presque toujours vainqueur. « Ok, je vais prendre ma veste, et on y va. » dit-il sur un ton désinvolte. Et ils partirent. Dans la voiture, elle n’arrêta pas de parler, il demeura silencieux, le regard fixe sur la route qui défilait devant lui. « Tu m’écoutes quand je te parle, Ron ? » Il détourna la tête vers elle un instant : « Oui, oui bien sûr, tu as dit que tu avais hâte de savoir ce que la pièce valait ! » Comment se sortir du pétrin à merveille. « Oui et qu’il y a une nouvelle comédienne, j’ai hâte de l’entendre. » Nouvelle comédienne ou pas il finirait par s’endormir comme à chaque fois…

Ils entrèrent dans la salle. Il y avait déjà beaucoup de monde, et Kris se plut à lui rappeler : « Tu vois si on était pas partis quand je te l’ai dit, on aurait même pas pu rejoindre nos places ! » Il continua de ne rien dire, se contentant de la suivre, et ils s’installèrent à leurs places à côté de la grande copine de Kris, qui se réjouissait de les voir là. Tandis que tout le monde s’asseyait, et que sa femme discutait avec son amie, Aron fredonnait, tel un autiste, en attente de sa punition. Voilà ça commençait. La pièce battait son plein, Aron ne semblait pas faire attention à ce qu’il se passait, jusqu’à ce qu’il entende une voix qui lui fit relever la tête, et son regard fit face à la plus belle chose qu’il avait vu dans sa vie. Ca n’avait rien à voir avec une aurore boréale, c’était cent fois plus appréciable. Il ne pouvait plus détourner le regard de cette femme, ce personnage, qui occupait son esprit, et qui dans celui-ci, se retrouvait seule, elle s’adressait à lui, pas aux spectateurs. Captivante. Tout était en accord : ses gestes, le son de sa voix, sa beauté inexplicable, il avait en face de lui ; un ange. Et pour une fois il semblait s’intéresser à la pièce. Ce n’était qu’un semblant, ce n’était pas la pièce qui l’intéressait. A l’entracte, sa femme se retourna vers lui, déposant un léger baiser au coin de ses lèvres : « Alors, t’en penses quoi ? » Et il y répondit pour une fois : « Incroyable. » le tout accompagné d’un soupir de soulagement qu’il y ait une pause, histoire de redescendre de son nuage. « De quoi, tu la trouves si géniale que ça ? Ca m’étonne de toi. » Il fut presque vexé de ses paroles. « Non mais tu plaisantes ?! Elle a tout pour plaire ! » Et Kris fut attendrie et caressa la joue de son mari, le prenant presque pour un gamin : « Je suis contente que t’aimes la pièce, c’est toujours difficile de te faire aimer un truc. » C’est là qu’il percuta. Elle pensait qu’il parlait de la pièce à laquelle il n’avait pas prêté attention, il parlait de cette fille. Sur ces pensées, il se leva, expliquant qu’il avait besoin d’aller aux toilettes. Sortant de la salle, il souffla un bon coup, se remettant les idées en place, se pinçant le haut du nez, fermant les yeux. Il avait besoin de se vider l’esprit. C’était quoi ? Un enchantement ?

Non. Son esprit lui jouait des tours, il était fatigué. Il se rendit donc dans les toilettes des hommes, et il se passa de l’eau sur la figure. Il avait l’air bien fin comme ça. Un mec lui adressa la parole : « Il fait chaud dans la salle pas vrai ? » … « A qui le dites-vous ! » Mais certainement pas pour les mêmes raisons que lui. Il sortit ensuite pour rejoindre la salle. C’est là qu’il tomba sur une affiche. Il y avait tous les noms des comédiens. S’il était un peu plus attardé sur les autres pièces, il aurait procédé par élimination et il aurait su son nom. Il ne restait donc qu’une solution. Se rasseyant à côté de sa femme, il lui demanda son programme. Elle lui passa toute fière qu’il s’y intéresse enfin. Et intelligemment, il lui demanda le nom de plusieurs acteurs, dont celui de la jeune fille. « Et elle, c’est qui ? » Sa femme leva les yeux au ciel : « Bah c’est la petite nouvelle Isveig Geirdóttir ! Tu m’écoutes vraiment pas quand tu conduis, décidément ! » Isveig. Joli prénom. La pièce reprit, et il partit dans le même état léthargique que depuis la scène 3 du premier acte.

Il y avait un monde fou en sortant. Ils étaient incapables de rester groupés. En fait c’était surtout parce qu’Aron s’était mis en tête de trouver la comédienne. Et évidemment, il y avait un attroupement autour d’elle. Alors il sortit un stylo de sa poche, et s’approcha un peu plus, quitte à pousser les gens, il n’en avait que faire. Et il s’exclama, lui mettant son carnet de notes devant le nez avec le stylo : « Si vous pouviez signer ça pour mon fils, ça serait super sympa. » L’histoire du bébé ça l’arrangeait quand il voulait… Mais son idée machiavélique fonctionna car elle se saisit du carnet et du stylo et demanda bienveillante: « Comment il s’appelle ? » Merde. Il avait pas pensé à ça. « … Stefán ! Il sera content d’avoir un autographe d’une grande comédienne. » Elle baissa les yeux, modeste. « Oh je suis loin d’être une grande comédienne… mais c’est très gentil… » Il sourit. « Je vous l’avez dit, vous êtes une grande comédienne. » Sous-entendu qu’elle jouait la comédie là aussi. Bah voyons. « La pièce vous a plu ? » Il la fixait intensément, observant la prunelle de ses yeux, et il ne semblait même pas prêter attention à ce qu’elle disait. « Hein ? Oh…euh oui beaucoup. » C’est à ce moment-là qu’il entendit son téléphone sonner dans sa poche. Sa femme. Alors il regarda une dernière fois Isveig, et ajouta : « Beaucoup d'hommes naissent aveugles, et ils ne s'en aperçoivent que le jour où une bonne vérité leur crève les yeux. C’est ma réplique préférée. » Elle se reconnut tout de suite là-dedans, c’était celle qu’elle avait prononcé en plein milieu de la pièce. « Vous retenez vite… » Il enchaina plongé dans ses yeux, détaillant son visage gracieux: « Vous êtes talentueuse. » L’enchainement aurait pu durer plus longtemps, mais il devait y aller. « Je suis pressé. Merci pour l’autographe. Au revoir. » Et il s’éclipsa avant qu’elle n’ait pu dire quoique ce soit. Une chose était sure, Aron était des plus perturbés ce soir.

Bienvenue, bonne continuation pour ta fiche.