GASAN ✿ somewhere only we know. (ended)

❝ i fuck you, cupidon ❞

 « Je suis désolé Gasan, vraiment, mais je pense que ça ne peut pas marcher entre nous.. Vraiment, t’es une fille géniale, tu mérites de trouver quelqu’un mais tu es trop.. Trop jalouse, trop impulsive. Au départ, c’était drôle, c’était cool, mais maintenant c’est devenu un vrai fléau.. Je préfères que l’on s’arrête là. Désolé. Je.. Tu peux garder la bague, je t’en fais cadeau. Comme un présent d’adieu, on va dire. » J’ouvris grand les yeux.  « Qu.. Quoi?! Tu oses me dire que je suis un fléau alors que c’est toi qui matte la première gonzesse à moitié à poil qui se présente devant toi? Non mais j’hallucine. J’hallucine, j’hallucine, j’HA-LU-CINE! Si c’est ça, pourquoi tu m’as demandé ma main, hein? Et ta bague, tu sais où est-ce que tu te la met? » Je saisis l’anneau situé à mon annulaire et je le balançai à la figure d’Arnold, agrémentant mon geste d’un doigt d’honneur tout à fait anti-féminin, mais tellement bon à envoyer, tellement.. Déstressant. Il recula d’un pas et se dirigea vers ma porte d’entrée, tandis qu’au moment où il s’apprêtait à faire glisser la poignée vers le bas, il se retourna vers moi de plus belle, m’adressant un regard compatissant.  « Adieu Gasan. » Et il partit, comme les deux autres avant lui. Je ne pu me retenir, je serai les poings si fort que mes ongles égratignèrent ma peau. Puis, je me mis à faire de petits sauts sur la place, préparant un hurlement dont les décibels pourraient presque monter aussi haut que lors d’un concert de rock comme AC/DC, devant les enceintes, tout en laissant s‘échapper une sorte d‘ultrason perçant. Ce fut au bout de quelques secondes que la bombe humaine que je suis finit par exploser.  « AAAAAAH BORDEL DE MEEEEERDE POURQUOI ENCORE MOIIIII! » Une fois ce cri, ce hurlement, cet appel à l’enfermement à vie dans un hôpital psychiatrique lancé, j’éclatai en sanglots, me laissant glisser à genoux jusqu’au sol, les larmes dévalant mes joues. Je finis le front collé au parquet de mon salon, l’inondant de mes pleurs, le tapant de mes points, lui faisant subir les affres de ma colère, de ma déception, de ma douleur. Jamais deux sans trois, j’avais été prévenue. Trois hommes différents en trois ans, trois personnes ayant cru pouvoir assagir la femme presque sauvage que je suis, prenant mon cœur comme des reines, mon corps comme un cheval de rodéo, mon cœur comme un insecte à piétiner. Tous étaient tombés de leur selles et n’avaient guère prit la peine de remonter. Chevaucher, ça, ils savaient faire, il n'y avait aucuns doutes à ça. Promettre une vie belle et heureuse aussi, ils savent faire. Respecter leur engagement? Certainement pas. De ce côté là, les hommes ne valent pas un clou. Et moi, à chaque fois, je me laissais embobiner par leurs mots doux, leurs gestes tendres, leurs bagues de fiançailles.. Chaque histoire se termine de la même façon lorsque mon cœur est en jeu. Jamais de "happy ending" pour moi, ce serait trop demander. Alors, à chaque rupture, je me met à pleurer sur mon parquet et, comme tout le temps, je peux profiter de la présence de mon petit frère pour qu'il me relève et qu'il appelle Hílmar. Gasan, je sais que c'est dur mais lève toi, va te doucher, met toi en tenue de soirée dépression et pendant ce temps je vais chercher de la glace et Hílmar, d'accord? J'hochai la tête, me faisant aider par Kent pour me relever avant qu'il ne tienne sa promesse et quitte l'appartement.

Apres une demi-heure d'absence, j'entendis des bruits de pas dans le couloir, sur le palier. Puis, au bout de quelques secondes, la porte s'ouvrit et laissa apparaitre Kent, suivit de près par mon meilleur ami. Alors assise sur le canapé, vêtue d'un peignoir recouvrant un short et un débardeur, je me levai d'un geste rapide et, sans même prononcer un seul mot, je fonçais droit sur Hílmar qui, en me voyant arriver vers lui, ouvris grand ses bras pour m'y accueillir. Dès que mon front entra en contact avec son torse, je ne pu m'empêcher de me mettre à pleurer de nouveau. « Chut, ça va aller, t'en fais pas. Dis toi que.. Qu'il était trop con pour se rendre compte de la chance qu'il avait d'être avec toi. » me dit alors le grand brun, caressant doucement mes cheveux. Mes bras se serrèrent alors autour de sa taille et je me remis à pleurer de plus belle. C'est alors que la voix de Kent raisonna à les oreilles. « Je vous laisse à deux, et les glaces sont sur le bar. Occupe toi bien d'elle mec. » Dès que j'appris l'emplacement des glaces, je me détachai d'Hílmar pour me diriger vers le bar, sortir l'un des pots, l'envoyer à mon ami, sortir le second et aller chercher des cuillères avant de m'asseoir sur le canapé, repliant les jambes contre la poitrine. Comme je l’avais prévu, il me rejoint et passa son bras autour de mes épaules. Dès lors, je me laissai tomber comme une masse, posant ma tête sur ses genoux, portant les cuillères à ma bouche sans prendre réellement la peine de respirer entre de bouchées.  « Gasan.. » Dès qu’il prononça mon prénom, je me redressai, m’assis sur mes genoux et, tout en continuant d’ingurgité la crème glacée qui me gelait le cerveau et me faisait un mal de chien du côté de mes dents, je pris à mon tour la parole.  « Est-ce que je suis laide? C’est pour ça qu’ils me rejettent tous? Parce qu’il doit bien y avoir une raison pour que je les fasse tous fuir. Je ne bois pas, ne fume que très rarement, et même si j’ai tendance à ingurgiter des litres de glace quand je suis déprimée, c’est pas pour autant que j’ai un gros cul. En prime, je suis une bonne danseuse, souple, et ça me permet d’assurer du côté du pieu. Alors, dis-moi, toi qui est un homme, c’est quoi mon soucis? Parce que j’en ai vraiment assez! Le seul à m’avoir réellement aimé, c’était.. » Je me stoppai. Je savais que prononcer son prénom me ramènerait aux souvenirs de ma fille, et je n’en avais guère envie, déjà bien assez déprimée comme cela. Sans rien ajouter, j’avalai une nouvelle cuillère de glace. Hìlmar soupira.  « Arrête tes conneries. T’es loin d’être laide et, même si je ne peux le confirmer, je suis certain que t’assures au lit. Je pense que ton problème, c’est ton caractère. T’as tendance à t’emporter trop rapidement, c’est limite croyable. » Je le regardai avec des yeux tristes.  « Désolé, je voulais pas te blesser » Sans même prendre la peine de répondre, je me levai et me dirigeai vers mon étagère à DVD où étaient posés des cadres par dizaines. J’en saisis un en particulier et vint me rasseoir à côté de mon meilleur ami, sentant les larmes monter de nouveaux à mes yeux. Tout en caressant du bout des doigts la photo de Mahault, la dernière qui fut prise, je murmurai :  « Elle me manque tellement, tu peux même pas l’imaginer.. C’est.. C’est comme si une partie de moi était morte avec elle.. J’ai l’impression d’avoir un trou béant dans la poitrine, un trou dans lequel les gens s’amusent à passer leurs mains et à jouer avec mes entrailles comme pour me rendre encore plus mal. Je ne supporte plus son absence. » Posant ma tête sur son épaule, c’est alors que les larmes se remirent à couler.

❝ baby sweet baby, you're so lovely ❞

Je m'étais regardé une dernière fois dans le miroir comme pour me donner du courage puis, sans même prendre la peine d'enfiler un haut, je sortis de salle de bains en soutien-gorge et je me postai devant mon petit-ami.  « Loïck, j’ai quelque chose à te dire. Je.. » Je me souviens avoir prit une grande respiration, avant de finir par souffler :  « J’attends un bébé. Ton bébé.. » Il s’était levé et n’avait aucune expression sur son visage. Dès lors, je cru qu’il allait hurler, me quitter, ou me forcer à avorter. Il laissa passer quelques secondes et, en ouvrant grand les bras, avec un immense sourire, il me fit signe de venir vers lui.  « Mon Dieu Gasan mais.. Mais c’est génial, c’est..! J’arrive pas à y croire, je vais devenir papa! » Son sourire arriva sur mon visage, sans perdre de sa grandeur et de sa beauté. Je n’avais pas pensé, en faisant le test une semaine et demi plus tôt, qu’il le prendrait aussi bien, et ça avait été une excellente surprise. Me dire que je n’aurais pas à choisir entre l’homme que j’aime et l’enfant que j’ai en moins était un soulagement plus, vraiment. Alors, je vins me poster contre son torse, l’entourant au niveau de la taille à l’aide de mes bras. J’ai alors sentit ses lèvres se poser sur mon front et une pression autour de ma taille, signe qu’il m’enlaçait, qu’il me serrait contre lui. Je suis alors allée embrasser son cou avant de relever la tête vers lui, toujours un sourire accroché aux lèvres, et j’ai déposé mes lèvres sur les siennes. Cependant, il a reculé légèrement sa tête.  « Tu le sais depuis quand? » Je m’étais alors raclé la gorge. Je me rappelle avoir longuement hésité entre le fait de lui dire la vérité et ainsi de lui avouer que j’avais appris que j’étais enceinte depuis plus de sept jours et celui de lui mentir en disant que, pour moi aussi, c’était tout nouveau. J’ai soupiré, et j’ai finis par cracher le morceau, préférant la vérité car, après tout, le mensonge ne mènerait à rien, ou du moins rien de bien.  « Je sais que je suis enceinte depuis plus d’une semaine. Je.. J’avais peur de ta réaction, de te perdre, ou que tu ne veuilles pas qu’on garde l’enfant. Je sais, c’est idiot, mais.. Et puis, on a jamais parlé d’avoir un enfant ensemble, alors c’est vraiment ce qui m’a le plus stressé dans cette histoire. Je ne voulais perdre ni l’un ni l’autre, alors je me suis tus. Excuse moi, je.. » Je me rappelle ne pas l’avoir regardé une seule fois pendant que je parlais, je bougeais la tête dans tous les sens dans l’espoir de ne pas croiser son regard. Râpé.. Il prit mon visage entre ses mains et, en souriant, a posé son index sur ma bouche.  « Gasan-Ivanovich Vanecksdottir, tu es une idiote. Je ne veux personne d’autre que toi pour porter mes enfants. Nos enfants. Je t’aime. » A mon tour, je souris.

❝ so cry me a river ❞

J’étais rentrée en trombe dans l’appartement.  « Loïck, il faut qu’on se dépêche, l’hôpital vient de m’appeler, Mahault va mal. Très mal. Ils disent que.. Que.. » Plus aucun son ne voulu sortir de ma bouche. C’était comme si une boule obstruait ma gorge, m’empêchant de respirer, d’articuler le moindre mot. J’éclatais en sanglot et me laissais tomber jusqu’au sol, sur les genoux. J’entendis Loïck accourir vers moi et je sentis ses bras s’enrouler autour de mes épaules tandis que je posais mon visage entre mes mains.  « Gasan, explique-moi, qu’est-ce qui se passe? » Sa voix tremblait, il s’inquiétait. Je n’arrivais pas à lui dire et lui, de son côté, il refusait de comprendre ce dont il s’agissait. Mes bras s’enroulèrent automatiquement autour de son cou tandis qu’il essayait de me relever, tant bien que mal. Puis, au bout de quelques secondes, je relevai la tête vers lui.  « Prends les clefs de voiture, Mahault va mourir. » Je ne voulais pas passer par quatre chemins, je n’en avais pas le temps. C’était la fin, ma petite fille, notre fille, va mourir. Elle va rendre son dernier souffle à cause de cette putain de malformation cardiaque et du manque de donneurs. Tous les jours, tous les jours depuis quatre ans je priais pour qu’un accident se produise sur la route, qu’il y ait un mort, un donneur potentiel. C’est affreux, j’en avais conscience. Mais je voulais que mon enfant vive, qu’elle connaisse les joies que procure le fait de pouvoir grandir, je voulais la voir adopter un petit chien qui deviendrait en quelques minutes son meilleur ami, je voulais la voir devenir adolescente, qu’elle ramène à la maison son premier petit copain, j’espérais pouvoir être présente à son mariage et lors de son premier accouchement. Mais non, Mahault à quatre ans et elle s’apprête déjà à quitter ce monde, beaucoup trop tôt. Sans plus tarder, après avoir entendu l’annonce que je venais de lui faire, Loïck saisit ses clefs de voiture et nous descendîmes les escaliers quatre à quatre avant de monter dans la voiture et de mettre le contact. Sur le chemin, nous avions par respecter les limitations de vitesse sans pour autant perdre de notre prudence habituelle. Il nous fallut dix minutes pour arriver à l’hôpital et deux pour rejoindre la chambre de notre fille en pédiatrie. La voir branchée à diverses appareils avec des médecins tout autour d’elle me brisait le cœur. Quand ils nous virent, les hommes en blouses blanches et les infirmières sortirent de la chambre, voulant nous laisser seuls pour lui dire au revoir. Je tournai alors la tête en direction de Loïck, les larmes aux yeux. Je pus remarquer que, lui aussi, était sur le point de pleurer. Dès lors, je regardai de nouveau devant puis, après avoir laissé passer quelques secondes, je jetai mon sac à terre je m’approchai du lit dans lequel reposait le corps endormi de Mahault. Dès que je pus, je m’allongeai à ses côtés, la prenant dans mes bras, tandis que Loïck s’assit sur le fauteuil qu’il avait alors rapproché, prenant la main de notre enfant. C’est alors qu’elle ouvrit les yeux, nous regarda chacun notre tour et nous sourit d’un air triste, fatigué. Je ne pus retenir mes larmes.  « Papa.. Maman.. » Son père passa sa main sur son front.  « Chut, ne dit rien, nous sommes là. » Je ne pouvais rien dire, les larmes coulant doucement sur mes joues, roulant jusque dans mon cou.  « On va gagné, vous allez voir. » Ce fut le coup de grâce. Non, nous n’aurions pas gagner, pas cette fois. Elle ne réussira pas à vaincre la maladie et Loïck et moi serions totalement impuissant. Je sentis le regard de mon compagnon se poser sur moi, je levai alors la tête. Il pleurait, lui aussi. Ni l’un ni l’autre ne comptais répondre, alors l’enfant reprit la parole.  « On pourra voyager, tout les trois, comme si rien ne s’était passé. » Je ne pouvais répondre, toujours pas. Impuissante, je resserrai mon étreinte autour de son petit corps.  « Oui ma puce, oui. On ira partout dans le monde. En Chine, au Mexique, en France, on ira où tu voudras. On ne restera pas en Islande et plus jamais tu n’auras à mettre un pied dans un hôpital mon ange. » Mahault ferma les yeux. Aussi bien l’un que l’autre, nous sûmes ce que cela voulait dire. C’était l’heure. Loïck se leva et vint s’allonger de l’autre côté du lit, passant ses bras autour de nous. Un silence pesant fit alors son entrée. Les minutes passaient, elle était toujours vivante. Dans ma tête, je continuais de prier pour qu’un accident se produise tout prêt de l’hôpital, pour que la personne décède sur le coup et pour qu’ainsi notre fille puisse être sauvé. Rien ne se passa. Tandis que personne ne prononçait un mot, les bruits fais par le moniteur, les petits ’bips’ qui signalaient que ma fille était toujours vivante, ralentirent peu à peu, jusqu’à devenir un seul et même son. Son cœur venait de cesser de battre. Tous les médecins arrivèrent en même temps dans la chambre et je sentis quelqu’un me tirer vers l’arrière. Loïck. En le regardant tous s’afférer autour de Mahault, les larmes coulaient abondamment sur les joues tandis qu’il me tenait par les bras.  « Heure du décès, dix-huit heures quarante-deux. » Cette phrase fut comme une décharge et, dès qu’elle me parvint à l’oreille, je ne pus me retenir d’hurler.  « NON! NON JE VOUS EN PRIE NON! IL DOIT Y AVOIR UN AUTRE MOYEN, S’IL VOUS PLAIT! FAITES VOTRE BOULOT! » Je réussis à me défaire de la prise de Loïck et je couru vers le lit d’hôpital où reposait, inerte, le corps de notre fille. Dès lors, je commençai un massage cardiaque acharné tout en lui faisant du bouche-à-bouche. Les médecins me regardaient, sachant pertinemment qu’ils n’arriveront pas à m’arrêter. De nouveau, quelqu’un me tira vers l’arrière, toujours Loïck. Non pas sans me débattre de nouveau, je finis par me laisser tomber jusqu’au sol, le martelant du point, pleurant comme jamais je n’avais pleurer, Loïck me tenant toujours dans ses bras. Je me tournai alors vers lui, m’accrochant à son pull, la tête enfouie dans son torse, continuant de murmurer des ‘non’ qui, finalement, étaient purement inutiles.

❝ to see your face is like a kick ❞

J’étais tombée sur sa photo un soir, en allant rendre visite à ma mère, profitant de l’absence de mon père. Nous nous étions rendues dans le grenier et avions commencé à fouiller dans les coffres à la recherche de photos qui nous rappelleraient des souvenirs. Elle et moi, nous avions passé en revue tous les clichés pris durant notre enfance, à Kent et à moi-même. Je ne pouvais m’empêcher de rire quand mon regard se posait sur l’un d’eux. Entre mon petit frère au visage recouvert de glaçage, moi en petite culotte qui courait dans toute la maison et notre mère qui essayait de gérer ses deux marmots incontrôlables pendant que Vaneck s’amusait à nous prendre en photo, les sourires étaient de rigueur. Et puis, j’étais tombée sur la photo d’un homme alors que je fouillai parmi les albums pré-naissance, ceux de l’adolescence et du début de l’âge adulte de ma mère. Elle était en noir et blanc, mais on pouvait parfaitement discerner ses traits. Une cigarette à la bouche, on ne le voyait que de profil, mais qu’est-ce qu’il paraissait.. Beau! Un léger sourire était dessiné sur son visage, il avait la tête baissé. Toujours en tenant la photo dans mes mains, je relevai la tête vers ma mère.  « Qui est-ce? » Elle se tourna vers moi et, lorsque son regard se posa sur la photo de l’inconnu, elle ouvrit grand les yeux. De suite, elle fit pour se rapprocher de moi et me la prendre des mains. En un geste, j’esquivai.  « Réponds moi d’abord, qui est-ce? » Elle soupira.  « C’est personne, rends moi cette photo. » C’est alors que je fis ma tête de vraie peste.  « Même pas en rêve, je la garde pour les peines. Il faut que je rentre, de toutes façons. » ajoutai-je tout en mettant l’image dans mon sac. J’allai l’embrasser, et je redescendis, prête à rejoindre mon appartement.

[…]

Les mois passèrent et c’est un soir, en sortant de chez moi pour aller chercher de quoi manger, que je suis tombé sur lui. J’avais tellement regardé la photo prise à ma mère que je connaissais les traits de l’homme par cœur. Je pouvais placer la moindre ridule à côté de son œil, redessiner ses pommettes et le tout les yeux fermés. Ce fut un choc lorsque je croisai cet homme que je ne connaissais pas. Certes, ce ne pouvait pas être celui de la photo, mais il n’empêchait qu’il était son portrait craché. J’étais restée, là, debout, tandis que la neige tombait et recouvrait mon manteau de ses flocons. Je l’observais, entrain de marcher puis, doucement, je m’avançais vers lui. C’est alors qu’il se retourna, et me vit. Reflexe totalement idiot : je fis mine de regarder les vitrines éclairées aux couleurs de Noël. J’entendis un petit rire s’élever. Le voyant redémarrer, je fis de même. J’espérais pouvoir entendre une indication qui me dirait qui il était. Rien ne se passa. Depuis ce soir-là, dès que je le vois, je continue de le suivre, sans jamais savoir qui il est et pourquoi il ressemble autant à cet homme qui, désormais, m’obsède.