CONTEXTE ♓ that walks beside me

It's real early morning. No-one is awake. I'm back at my cliff, still throwing things off. I listen to the sounds they make on their way down. I follow with my eyes 'til they crash
imagine what my body would sound like slamming against those rocks

Saison une - through the risky path of Christmas.

REYKJAVIK ☇ ISLANDE ☇ DECEMBRE 2010.

Derrière les maisons faites de planches en bois alignées les unes avec les autres, l’herbe frémit sous la brise matinale. La rosée a fait son apparition, en ce matin de début décembre. L’hiver débute à peine et les températures chutent à grande allure. Les multiples thermomètres suspendus sur la façade des chalets, tremblent sous le poids du vent. La pelouse jaunâtre et sèche vacille lentement, dans un rythme délicat et rassurant. Dans les prés, les chevaux islandais se regardent d’un œil avide, profitant d’un simple rayon de lumière pour accourir et se réchauffer. Le réveil affiche cinq heures du matin. Il fait nuit noire et il est impossible de voir à plus d’un mètre devant soi. Les maisons demeurent sans volet. A quoi pourrait-ce bien servir, face à cette effrayante obscurité ? Les seules sources de lumière sont les lampes torches des habitants, accrochées à l’entrée du chalet, au cas où, comme ils disaient. C’est un silence impénétrable qui règne sur Reykjavik. Les seuls bruits que l’on peut percevoir sont le détachement des icebergs, au loin. La glace noire se casse en deux et forme des fragments de blocs de glace. Les phoques plongent dans l’eau, ondulant simplement leur corps pour avancer. Leurs moustaches aiguisées cillent avec le souffle du vent. Une couche de glace s’est solidement formée sur les trottoirs de Reykjavik. Le soleil d’Islande n’est qu’une minuscule boule de feu parmi un ciel de glace. Derrière ces paysages paradisiaques dignes des plus belles cartes postales, l’Islande est en proie à un système politique défaillant. Le pays ne fait pas fière allure devant la crise mondiale de 2008, qui l’a grandement appauvri. Mais ce n’est pas la chute de la bourse qui va empêcher les festivités de Noël. Le centre-ville de la capitale islandaise est étincelant, sous les lumières des boutiques et les projecteurs des centres commerciaux. La chaussée est blanche de neige et l’on entend le fracas des flocons de neige, qui viennent se cogner au carreau de la fenêtre, telle une pluie de météorites. Nous sommes en décembre 2010, à Reykjavik, dans un pays où, malgré le froid, la chaleur de Noël rappelle des souvenirs à chacun d’entre nous.

saison deux : titre

ISLANDE, REYKJAVIK ☇ FEVRIER 2010
Un enfant crie et sa voix sourde résonne au creux des collines. Il rit et pleure, se balance et oscille sur sa barque en bois. Un mouvement de trop et il se retrouverait à l’eau. Il plongerait, dans un sursaut, et pénétrerait au sein de cette eau transformée en glace. Il rejoindrait la nature et ne ferait plus qu’un avec les icebergs qui se heurtent à chaque minute. Les blocs de glace noirs s’entrechoquent, tels les glaçons qui résonnent à l’intérieur d’un verre. Le bruit s’entend à des centaines de kilomètres mais il fait désormais partie du quotidien. Le ciel est voilé par une brume épaisse qui s’étend d’un bout à l’autre, recouvrant les montagnes enneigées et les collines verdoyantes. Dans le port de Reykjavik, les bateaux de pêcheurs attendent patiemment de lever les voiles. Leurs coques de couleur vive se confondent avec l’obscurité de l’eau. Gisela 2011. Le bateau se jette au loin, entre les flots. Le brouillard annonce son départ et dans un murmure, les passagers s’y jettent. Au loin, l’eau ruisselle à travers les cascades, frémit au contact de la neige, se déverse sur le sol terreux. La nuit tombe et les habitants rejoignent leurs maisons faites de bois et recouvertes d’une épaisse couche d’herbe verte, tandis que d’autres retournent à leurs immeubles rouges. L’air se rafraîchit. Il fera froid, cette nuit. Bien plus que toutes les autres.
Nous atteignons la période de la Saint-Valentin et les cœurs se réchauffent, à cette époque de l’année. Les journées si froides laissent place à des baisers brûlants, pour certains. Mais pour d’autres, il n’y a aucune raison de tisonner le feu et de s’y laisser brûler. Pour ceux-là, les nuits festives de Noël laissent place au début du printemps. Peut-être seront-ils prêts à fêter la Saint-Valentin, l’année prochaine. Peut-être pourront-ils se joindre aux feux sur les plages, entre amoureux, sous le souffle d’une brise légère mais froide.